L’intransigeance des banques centrales fait tanguer les marchés

Publié le 15 déc. 2022 à 18:34Mis à jour le 15 déc. 2022 à 22:38

La détermination des grandes banques centrales de la planète à continuer à lutter avec force contre l’inflation a provoqué une violente correction sur les marchés européens. Les principaux indices boursiers du Vieux Continent ont piqué du nez jeudi, après la hausse d’un demi point des taux directeurs de la zone euro, qui a porté le taux de dépôt à 2 % et celui de la facilité de refinancement (le « refi ») à 2,5 %. Mercredi, la Réserve fédérale américaine avait annoncé une hausse, également d’un demi-point, de ses « Fed funds », qui se situent désormais entre 4,25 % et 4,5 %. Et l’une comme l’autre ont prévenu qu’elles étaient loin d’en avoir fini avec le resserrement monétaire.

Sur les marchés, le ton nettement plus agressif qu’attendu de la Banque centrale européenne (BCE) et la révision des prévisions d’inflation ont fait l’effet d’une douche froide. Les Bourses du Vieux Continent ont connu leur pire séance depuis plusieurs mois. Francfort a reculé de 3,28 %, sa pire séance depuis juin, et Paris de 3,09 %, sa plus forte chute depuis mars. Milan a également lâché 3,45 %. L’indice large européen Stoxx 600 a corrigé de 2,9 %. Une correction d’autant plus forte que les marchés s’étaient bien repris en octobre et en novembre.

De l’autre côté de l’Atlantique, les marchés financiers n’ont guère apprécié les annonces de la BCE et de la Fed eux non plus. Ce jeudi, le Dow Jones a reculé de 2,25 %, le S&P 500 de 2,49 % et le Nasdaq de 3,23 %.

Ces deux derniers mois, les opérateurs des marchés financiers avaient fini par se persuader que le ralentissement de l’inflation serait suffisant pour convaincre les banques centrales d’être moins agressives. Or l’inflation resterait au-dessus de l’objectif de la BCE au moins jusqu’en 2025. Selon la BCE, elle atteindra en moyenne 8,4 % en 2022, 6,3 % en 2023, 3,4 % en 2024 et encore 2,3 % en 2025.

Taux terminal au-dessus de 3 %

Ils ont dû se rendre à l’évidence pendant la conférence de presse de la présidente de la BCE Christine Lagarde : en 2023, les taux directeurs européens monteront plus haut que ce qu’ils anticipaient jusque-là. Pour la première fois, les évaluations du taux « terminal » de la BCE ont dépassé les 3 %. Ce niveau maximum du taux de dépôt a été réévalué de 20 points de base (pb) dans la journée.

« Malgré quelques divergences au sein du Conseil des gouverneurs, Madame Lagarde a indiqué, à la fin de la conférence de presse, que la BCE poursuivra la hausse de ses taux directeurs, sur un rythme d’un demi point de pourcentage, lors de la réunion de février, et potentiellement deux autres hausses de taux de 50 points de base sont possibles », résument, dans une note, les stratégistes de marché d’Aurel BGC.

Le marché obligataire a également accusé le coup. Les taux à 10 ans allemands et français se sont tendus de quelque 20 points de base en début d’après-midi, revenant au-dessus de 2 % pour le Bund et de 2,5 % pour l’OAT. Le rendement de l’emprunt d’Etat italien (BTP) à 10 ans a réagi encore plus fortement. Il est monté de 30 pb à plus de 4,15 %.