La réponse du gouverneur de la Banque de France aux faucons de la BCE

Publié le 5 janv. 2023 à 19:00

De la « course de vitesse » à la « course de fond ». C’est ainsi que, selon le gouverneur de la Banque de France, devrait évoluer la politique monétaire en zone euro cette année. Maintenant que la Banque centrale européenne (BCE) a ramené ses taux à un niveau considéré comme neutre pour l’économie (il ne l’accélère, ni ne la freine), « nous entamons la deuxième phase vers la stabilisation monétaire », a déclaré François Villeroy de Galhau, à l’occasion de ses voeux jeudi soir.

Mais atteindre l’objectif de ramener l’inflation à 2 % « d’ici fin 2024 à fin 2025 » ne doit pas entraîner la Banque centrale dans un durcissement excessif, néfaste à l’activité, a-t-il aussi expliqué en creux. Comme une réponse aux « faucons » qui se sont largement exprimés depuis la fin de l’année, du Néerlandais Klaas Knot au président de la Bundesbank Joachim Nagel, en passant par le gouverneur letton Martins Kazaks et l’Allemande Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, le gouverneur de la Banque de France a mis en garde contre un « fétichisme des hausses de taux trop mécaniques ».

Quatre tours de vis énergiques

L’institution de Francfort a déjà relevé ses taux directeurs quatre fois depuis juillet, ramenant son taux de dépôt de -0,50 % à 2 % en décembre. Quatre tours de vis énergiques : le premier d’un demi-point, puis les deux suivants de trois quarts de points et enfin le dernier d’un autre demi-point. Désormais toute la question, pour le Conseil des gouverneurs de la BCE, est de savoir si l’institution doit continuer de frapper aussi fort – de toute évidence, poursuivre sur un rythme de 50 points de base ne déplairait pas aux partisans d’une ligne dure.

Ou s’il n’est pas préférable de modérer le rythme afin de laisser le temps au durcissement monétaire de produire son effet sur l’activité. En général, les économistes estiment qu’il faut douze mois pour qu’un changement des taux directeurs se transmette à l’économie. Le gouverneur de la Banque de France plaide pour une approche « pragmatique et guidée par les données observées y compris de l’inflation sous-jacente ».

Si le « taux terminal » nécessaire pour ramener l’inflation autour de 2 % devrait, selon lui, être atteint d’ici l’été prochain, « il est trop tôt pour préjuger de son niveau. » Les estimations des professionnels de marché se situent entre 3 % et 3,50 % et ils estiment généralement que ce taux serait maintenu au moins jusqu’à l’année prochaine.