Tout un symbole. Dans la course aux métaux électriques, le géant suisse des matières premières Glencore est en passe de perdre son titre de premier producteur de cobalt au monde au profit d’un groupe chinois. La première place du podium devrait lui être ravie par CMOC dès cette année.
Le groupe chinois a réalisé une première percée dans le monde du cobalt en 2016 avec l’acquisition de l’impressionnante mine de Tenke Fungurume, en République démocratique du Congo (RDC). Mais c’est avec la mise en service d’une autre mine géante au second trimestre 2023 qu’il deviendra le nouveau roi du cobalt.
Le projet en question se situe à Kisanfu, au sud du pays. Il s’agit d’une mine de cuivre et de cobalt – le cobalt est presque exclusivement un co-produit. Au total, le projet aura nécessité des investissements de 1,8 milliard de dollars et ne remonte qu’à mars 2021. Une performance exceptionnelle pour une industrie habituée à d’innombrables retards et à une explosion des coûts. La mine de Kisanfu devrait produire 30.000 tonnes de cobalt par an, ce qui en fera la plus grosse mine de cobalt au monde.
Litige
La présence du groupe chinois en RDC ne se passe toutefois pas toujours sans heurts.Depuis juillet dernier, CMOC a engagé un bras de fer avec les autorités congolaises autour de la mine de Tenke Fungurume en raison d’un litige au sujet des royalties. Les autorités locales lui réclament quelque 7,6 milliards de dollars et lui ont interdit toute exportation tant qu’une solution n’aura pas été trouvée.
A l’occasion du sommet sur les matières premières organisé par le « Financial Times », le ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi, s’est montré rassurant. Selon lui, un accord devrait être trouvé « très prochainement ». Selon CMOC aussi, une solution devrait être trouvée d’ici à la fin du mois de mars.
Chute des prix
Après avoir explosé à plus de 80.000 dollars la tonne au printemps 2022, portés par l’essor des ventes de voitures électriques et l’espoir du redémarrage de la Chine, les prix du métal bleu se sont affaissés. Ils cotent désormais à 34.180 dollars la tonne.
La principale raison de ce retournement du marché, c’est le ralentissement du marché chinois de l’automobile. Les ventes de voitures dans la catégorie « nouvelle énergie », c’est-à-dire électriques ou hybrides, ont reculé de plus de 6 % en janvier 2023 en Chine par rapport à 2022.
La demande de cobalt de la part des constructeurs automobiles a d’autant plus reculé que l’industrie cherche de plus en plus à s’en passer. En raison des prix élevés, les industriels augmentent la part de nickel. Certains s’en passent totalement en utilisant des batteries au lithium-fer-phosphate (LFP). Cette chimie de batterie est certes un peu moins performante mais elle est beaucoup moins onéreuse.