La zone euro devrait éviter la récession mais la reprise sera lente

Un peu plus de croissance cette année que prévu jusqu’ici et un peu moins d’inflation. C’est ce que prévoient les économistes de la Banque centrale européenne (BCE) en 2023. L’activité économique a tendance à résister un peu mieux qu’anticipé à la crise énergétique qui a suivi le début de la guerre. Le risque de récession s’éloigne donc.

Ainsi, la croissance du PIB de la zone euro a été revue à la hausse par la BCE de 0,5 point et devrait atteindre 1 %.

Baisse des prix de l’énergie

D’abord parce que les prix de l’énergie reculent depuis l’été dernier. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, en a profité pour appeler les Etats à réduire « rapidement » leur soutien budgétaire au pouvoir d’achat. Autre remarque de la Française, « la hausse des marges des entreprises » a joué un rôle l’an passé dans la poussée inflationniste, « qui fonctionne comme une taxe » pour les ménages. Elle a donc appelé à « un débat au sein de la société » sur un « partage adéquat du fardeau de l’inflation », entre entreprises et ménages.

Conséquence logique de la baisse des prix énergétiques, l’inflation générale suit le même mouvement. Les prix à la consommation ne devraient grimper que de 5,3 % cette année alors qu’en décembre dernier, les économistes de Francfort tablaient encore sur une inflation supérieure à 6 %. Autre raison de la résistance de l’activité dans la zone euro : le marché du travail reste dynamique . Le chômage ne devrait pas augmenter sensiblement d’ici à 2025. Et cette année, « la hausse des salaires et la baisse des prix de l’énergie compenseront en partie la perte de pouvoir d’achat que de nombreux ménages connaissent », a estimé Christine Lagarde. Cela n’empêchera pas le revenu disponible réel des ménages, c’est-à-dire après prise en compte de l’inflation, de stagner en 2023 alors qu’il a déjà légèrement reculé l’an passé.

Une inflation sous-jacente plus élevée

Toutefois, la résilience de la croissance pose un problème à la BCE. Car cela signifie que l’inflation hors énergie et alimentation, dite sous-jacente, va rester plus élevée. Elle devrait s’élever à 4,6 % en 2023 et cela ne fait pas les affaires de la banque centrale. D’où la hausse de taux de ce jeudi. Ce n’est qu’en 2024 que les prix à la consommation hors énergie et alimentation se calmeront, « le resserrement de la politique monétaire freinant de plus en plus la demande », selon les termes de la présidente de la BCE. Et ce n’est que l’année suivante que l’inflation approchera de l’objectif de la BCE. Elle est attendue à 2,1 % par les économistes de Francfort en 2025.

Parallèlement, les hausses de taux – et c’est leur but – devraient avoir un impact négatif sur la croissance à plus long terme. La reprise de l’économie s’annonce poussive. La croissance atteindra seulement 1,6 % en 2024 et 2025. Le secteur de la construction sera particulièrement affecté par les taux plus élevés. « L’investissement dans le logement devrait continuer à baisser sensiblement à court terme et rester faible » jusqu’en 2025, selon la BCE.

Avec un bémol, ces prévisions ont été finalisées début mars, c’est-à-dire avant les turbulences sur les marchés et les craintes sur la santé des établissements financiers nées après la faillite de trois banques aux Etats-Unis, dont la Silicon Valley Bank , et les difficultés de Credit Suisse . Tout cela entraîne « une incertitude supplémentaire sur les prévisions d’inflation et de croissance », a admis la présidente de la BCE.